22 août 2011

Cocon


Tisse, tisse, petite bête, tisse, laisse-moi la place. Partir, enfin, toujours. Ne plus être là, jamais. T’observer et comprendre. Avoir été comme ce papillon englué, comme lui, fait. Comme lui débattu, longtemps, puis résigné. Comme cet être ailé, laissé ses fards sur ta toile.

Noue, noue, aux huit pattes, noue, enlace, étreins, recouvre ta victime de fil soyeux, le plus doux, dont on ne se défait pas. Offre-lui un carcan souple, fait sur mesure, qu’elle ne pourra détruire. Engluée, victime résignée. Bourdonnement avorté.

Trace, trace, destin venimeux, trace, aspire sa vie, nourris-toi, prends des forces, et oublie-le. Fais en réceptacle de ton amour, du fruit, des fruits, emplis-le de tes œufs, offre leur la vie. Dans la carcasse vide du papillon, dénué d’ailes, petits dorment.

Lèche, lèche, résidus énergisants, lèche et délecte-toi, mais laisse-moi, laisse-moi fuir, fuir mon Ariane, passer sans te détruire, bien que tu sois comme elle, mort inexorable, souffle de vie enfui. Mort lente de l’indifférence.

Tape, tape, eau du ciel, tape et lave moi de mes idées sombres, purifie, exfolie, ex folie… Purge tout, frappe-moi, fort, détruis-moi, détruis-la, détruis la toile, arrache ses fils, ouvre, déchire. Laisse mon moi sortir, s’évanouir au naturel, s’épanouir dans le réel.

Crache, crache, tes mots, crache, insulte et menace, je te vole, je me mens, dément. Je m’échappe, m’écoule et m’écroule, propre, lavé, jusqu’à l’amour, jusqu’à la mort. Je t’ai menti, volé, volé ma liberté. Que le carcan fonde, se fonde dans l’humus, l’amour est propre, fier.

File, file, ta toile, file, comme le vent, partir, loin, te laisser carcasse pleine, réceptacle de nos amours, du fruit, de notre œuf, offre lui la vie. Bien mieux que moi, sans moi, fil rompu, interrompu. Trop jeune, trop tôt, pas prêt. Vis seule, à deux, sans moi.

Vole, vole, liberté, vole, la mienne, la tienne, je t’attache à ce fruit trop mûr pour tomber, et je fuis, pur, propre, libre, sans toi, sans toit, ni loi, ni lui. Seul. Proie évadée, liberté envolée, bienvenue, Ariane, vis, désormais, fin du rêve, réalité arrivée.

Perds, perds, espoir, perds, déambule et trouve-toi, trouve-moi si tu peux, rêve, espère, perds. Jeu, set, et match. Tu as tout voulu, tout, trop, trop vite, tu as, un peu, un bout, réminiscences, rêves, réalité. Cruelle vérité.

Fauche, fauche, jeune fille, fauche, tricote et défais la vie, libère-toi, libère-moi, arrache ton âme, vends toi, vends là, sans moi. Seule, enfin. Libre. Retrouve-toi.
Retrouve-moi.

5 commentaires:

GroBe a dit…

Castor tillon a dit…

Très joli texte, au rythme obsédant, qui oscille entre prose et poésie. Avec une abstraction finale qui le fait verser dans la poésie, plutôt.

En bref, ça veut dire que j'ai pas tout compris, mais je vais relire et m'appliquer, Yun, promis.
En tout cas, ça m'a bercé agréablement.

Yunette a dit…

Pour tout te dire... je n'ai pas tout compris non plus.

Anonyme a dit…

On m'a conseillé ton blog. Je suis donc venue y jeter un oeil... L'écriture est très agréable poétique. je me suis laissée bercer. Un rythme saccadé qui m'a parfaitement convenu parce qu'il donne une réelle rythmique au texte. Je n'ai pas tout bien saisi mais qu'importe ce texte est beau et il n'a pas besoin d'être totalement compris.

Juste une petite question si elle n'est pas indiscrète bien sûr:
Depuis quand écris-tu?

Yunette a dit…

Oh quelle honte ! Je n'avais pas répondu à ce message... Bien qu'un peu tard, je te remercie pour ce commentaire... Et j'écris depuis... Juin 2008, à peu près... Rien auparavant, si ce n'est quelques "poèmes" *toussote* enfin, des trucs et machins qui datent de 1999 ^^