24 août 2010

Trois

Promenons nous, dans les bois…

Tu avances en chantant, sautillant de dalle en dalle. Tu ris, gamin, tu t’amuses bien. Faut pas avoir peur petit, je ne suis pas là à te regarder, non… Moi, je t’ai vu ouvrir la porte, faire un bisou à maman. Elle est jolie, maman, très jolie. Puis elle a laissé la porte ouverte, pour que tu puisses entrer. Elle est gentille maman, tu ne trouves pas ?

Pendant que le loup n’y est pas…

Oh, non, n’aies pas peur gamin, il n’est pas dans les bois, le loup. Juste dans la bergerie. La porte s’est refermée, tout doucement. A peine un son. Tu t’es retourné, sans doute, pour voir s’il y avait du monde derrière toi. Personne, heureusement. Sinon tu t’en serais retourné jusqu’à la porte, en courant, sans chanter. Tu n’aimes pas les gens, bonhomme ?

Si le loup y était…

Oh ! Maman a vu le loup… Faut pas crier, madame, faut pas. Chuuut. Voilà, tu vois, c’est bien mieux quand t’es sage. Par contre, ce n’est pas bien madame Maman, t’as tout sali par terre avec du rouge. Ce n’est pas bien du tout. Pis tu t’es pas nettoyé le nez. T’es toute sale. Et il est où Papa ? Hmmm ? Il est parti ? Pourtant, je l’ai dit, t’es jolie Maman, enfin, quand tu ne cries pas.

Il nous mangerait !

Ça, ce n’est pas bien. Il ne faut pas mentir. Ce n’est pas parce que j’ai un grand couteau que je vais la manger, Maman. De plus, c’est toi que j’aime bien. Mince… Je crois que maman elle boude. Elle veut plus jouer. Elle bouge plus. Zut de zut… Je vais installer Maman dans son beau fauteuil. Tu arrives à la fin de la chanson. « Comme le loup n’y est pas… Il n’nous mangera pas… »

Un…

Là, tu prends peur, t’aimes bien le petit frisson, la petite peur de voir arriver le loup. Et s’il te mangeait ? S’il arrivait dans ce grand couloir ? Alors tu te rapproches de la porte, à petit sauts, le pas un peu plus rapide qu’avant. Moi aussi, je m’en approche, de l’autre côté. Je te souris à travers le bois, tu ne me vois pas, pas encore. Avant que tu n’arrives, je t’observe par le vasistas. Je tourne la poignée, tout doucement.

Deux…

La porte reprend sa place, entrouverte. Tu n’as rien remarqué. Tu jettes un coup d’œil derrière toi. Une odeur que tu ne connais pas te prend à la gorge lorsque tu arrives. On appelle ça une odeur cuivrée. Ce n’est rien, gamin. Tu ouvres la porte et tu me vois. J’incline la tête sur mon épaule. Je te souris, en face. Fais pas cette tête là, petit. Dans un murmure, je me penche vers toi et susurre à ton oreille…

Trois.

Hé, c’est une blague gamin ! Reviens ! Tu n’vas pas rester tout seul dans c’bois ! Gamin !

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