28 septembre 2009

Euh

Paris, treizième. Peu avant l'aube, Pedro Santana fut réveillé par la lampe à pétrole qui fumait. Sa compagne, ou plutôt sa Poulette, comme il aimait à le dire, était levée et lui avait préparé son repas. Quelques miettes de pain sur la chemise, un relent d’œufs entre les dents, il se dirigea vers son véhicule, la journée allait commencer. Sur chaque côté de son outil de travail était peinte la phrase : "Connaissez-vous le nec plus ultra en matière de transport ?". Il l’avait inscrite lui-même, voulant marquer les esprits, en indépendant, il lui fallait se faire connaitre.

Les fins de mois étaient parfois difficiles, mais sa Poulette avait trouvé un petit boulot, le soir, elle allait garder des enfants. Lorsqu’il rentrait, sa gamelle était prête, un petit mot à côté. Elle rentrait tard, épuisée, mais ça payait plutôt bien. Paulette Lestafier n'était pas si folle qu'on le disait. Son petit boulot lui rapportait gros, certains disaient qu’à plus de vingt ans, garder des enfants, ce n’était pas un emploi. S’ils avaient su. La Paulette, dicte Poulette ne s’occupait pas d’enfants, dans la rue, le soir venu, elle se vendait au plus offrant. Et, elle aimait ça. Elle dormait le jour, jouissait la nuit et avait encore assez d’énergie pour pallier aux quelques rares envies maladroites de son compagnon. Monsieur avait l’amour bref.

Un soir, Pedro rentra plus tard que prévu. Une longue course le fit rentrer la bourse pleine par un chemin inhabituel. Ses collègues lui avaient bien dit que dans ce quartier, tapinait une dénommée Becky. L’homme n’était pas spécialement intéressé par les prostituées, amoureux maladroit de sa femme, mais il était curieux. Il continua donc, histoire de se retrouver non loin de la tapineuse. Le chauffeur de taxi se disait que Becky était un beau morceau. Il l’observa un moment qui déambulait devant lui, plus il la regardait, plus il se sentait à l’étroit dans son pantalon. N’y tenant plus, il klaxonna.

Becky, Poulette, Paulette avait remarqué depuis son arrivée le véhicule de son futur époux - quand ils auraient les moyens. Elle espérait qu’il passerait son chemin tandis qu’elle attendrait d’autres clients, se ferait prendre, vulgairement, en ne songeant pas ou peu à lui, en se disant que c’était pour payer leur mariage qu’elle le faisait, par amour. Lorsque le son retentit, elle se rendit jusqu’à lui, espérant qu’il ne la reconnaitrait pas. Sa perruque rousse et son maquillage la rendaient méconnaissable, mais on ne savait jamais. Billets en main, préserve hâtif dans celle de l’homme, elle attendait son bon vouloir.

Il sortit de sa voiture sans mot dire, plaqua la prostituée contre le capot et la besogna sans attendre, sans préliminaire, sans douceur, rien. Il y alla vaillamment, violemment même, bruyante bête à deux dos dont les ombres dansaient dans la nuit. Becky fit ce soir là, une chose qu’elle n’avait jamais faite, elle hurla son plaisir. L’homme ne la reconnut pas dans ce cri, lui qui n’avait jamais su lui offrir cela. Longue fut l’étreinte, sévère fut la redescente lorsqu’il voulut lui violer un baiser - une pute, ça n’embrasse pas - en l’attrapant par sa flamboyante chevelure. Perruque en main, une flopée de cheveux blonds glissa dans le dos de la catin. Il se retira, en silence, abasourdi.

Il reviendrait, demain.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Vraiment, tes progrès sont époustouflants.
Pour moi il te reste à travailler la ponctuation. Elle rythme le texte, et certains endroits sont maladroits.
Bisous
Monique

Lunatik a dit…

"Monsieur avait l’amour bref."
Excellent^^

Anonyme a dit…

Ben là je suis scotchée... Ni xie de zhen bucuo!

Yunette a dit…

Ouep Tata, je sais, la ponctuation, j'ai tendance à en abuser, voulant donner un rythme qui parfois casse un peu.
'Man ! déscotche hein, plein d'autres à lire ^^

Et Luna, faut que j'avoue un truc... "l'amour bref" je l'ai piqué à ma frangine, dans "Dis oui Ninon" elle le dit... et j'adore cette expression...